Bien avant la Longue Année et l’avènement du Roi, notre royaume a officiellement délaissé le troc de marchandises au profit de moyens d’échange normalisés. Lorsque le royaume prit la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, notre monarque tenta tant bien que mal d’unifier la contrée à l’aide d’un seul système monétaire. Or, il découvrit que les traditions pécuniaires de la populace ne pouvaient être altérées aisément. Plutôt que de se lancer dans une guerre sainte économique contre son propre peuple, il suggéra une réforme modérée à ses nobles. Ainsi apparut à la dix-neuvième année de l’ère royale le système des « Trois balances ».
Trois types d’unités d’échange, chacun basé sur la nature et le poids du matériau utilisé, sont en vigueur à l’intérieur du royaume. L’expression des « Trois balances » fut donc symboliquement établie afin de représenter le tout formé par ce trio de valeurs marchandes.
– Le Follet. Le follet est une pièce de cuivre d’environ un pouce de diamètre. La dénomination de « follet » réfère à la région minière du Val-Follet d’où les plus importantes quantités de cuivre du royaume sont extraites. Les origines de la pièce s’enracinent dans l’Avant alors que les seigneurs ne maintenaient qu’une faible emprise sur leur propre peuple. Pour cette raison, ce sont les forgerons des bourgs et des campagnes qui se chargeaient de frapper cette monnaie, y gravant des effigies diverses, habituellement à l’image de créatures de la faune ou de la flore locale. Aujourd’hui, le follet permet à la roture d’acquérir des biens d’usage commun tels du pain ou de la bière, ou encore d’obtenir rétribution pour des services quotidiens.
– Le Ducat : Le ducat est une pièce d’argent d’environ deux pouces de diamètre. Frappé par les hauts seigneurs du royaume, le ducat était avant le Sang’Noir la monnaie officielle des marchands mineurs, des artisans et de la petite noblesse. Si son effigie variait à l’origine en fonction du duché de fabrication, les ducats furent uniformisés par le Roi afin de n’arborer que la croix de la croisé. Ces pièces sont néanmoins toujours conçues dans les forges des seigneurs-palatins. Les serfs peuvent parfois en posséder, mais ce sont surtout les travailleurs du secteur commercial qui y trouveront utilité. Le ducat permettra en effet d’acheter des équipements militaires –épée, lance, bouclier, armure-, des matières premières en faible quantité ou des instruments d’artisans. S’il est bien négocié, le ducat vaut en moyenne entre 20 et 30 Follets.
– Le Carat : Le carat est une gemme facettée et translucide ayant un poids précis. L’idée du carat fut apportée par le Roi lors des dernières années de son règne. Soucieux d’unifier les différents palatinats du royaume par le commerce, il confia en l’an 19 la tâche aux Merrizoli de Salvar, les plus éminents joailliers de la contrée, d’épurer et de tailler diverses gemmes. Dans leurs ateliers furent ainsi altérés des milliers de gemmes –ambres, saphirs, rubis, émeraudes, améthystes et diamants- réparties en deux catégories : de petites gemmes d’un carat et de plus massives d’une valeur de 5 carats. Seuls les puissants du royaume d’Ébène peuvent espérer avoir dans leur bourse des carats. Plus encore, qu’un simple serf ou marchand issu de la roture vienne en possession de l’une de ces gemmes, on s’enquerra de ce fait, ce phénomène étant habituellement hautement suspect. Les carats permettent aux dirigeants du pays d’engager des armées, d’ériger des monuments et, bien sûr, de négocier des ententes entre eux. Une gemme d’un carat peut être négociée pour une valeur d’environ 5 ducats.
Ainsi sont négociés les biens et services au sein du royaume d’Ébène. Chacune des Trois Balances est liée à une caste de notre bon peuple et, par conséquent, contribue de façon unique à la prospérité et à la stabilité. Toutefois, lors de la guerre des deux Couronnes, la question monétaire ébénoise a connu des changements importants. À Pyrae, les autorités tentèrent d’instaurer le Pyra, une pièce conçue à partir d’acier pyriste. Cette valeur se propagea quelque peu au Sarrenhor, mais fut rapidement circonscrite au territoire de Pyrae où elle est toujours utilisée par la petite bourgeoisie pour mener ses échanges. Un pyra peut être échangé contre un ducat approximativement. Simultanément, la famille Merrizoli a commencé à voir le secret de la conception des carats être dispersé dans le royaume. Cela a eu pour effet de diminuer considérablement la valeur du carat, au grand mécontentement de moult marchands et nobles. Depuis, la puissante famille salvameroise s’affaire à récupérer l’exclusivité de ce secret de joaillerie.