Laure

[En résumé]

Moi, enfant de Laure, je soumets mon acier à mon bataillon. Jamais je ne fuirai devant le péril. Jamais je ne tolérerai le blasphème. Jamais je ne laisserai seul l’un des miens. Toujours je verserai le sang avant que la croisée ne soit menacée. Car je suis la lame qui fend les ténèbres, le coeur qui anime le royaume, le chant qui anoblit les âmes. Pour le Roi et par le Prince, je le jure.

Serment d’allégeance des soldats du Bataillon sacré de Laure.

Grandeur Nature l'Enclave

Les terres

laure

Le palatinat de Laure trône en plein centre du royaume d’Ébène. Sa capitale, Gué-du-Roi, se situe au confluent de la Laurelanne, fleuve traversant la contrée du Nord au Sud, soit de la Baie d’Ambroise jusqu’à Porte-Chêne, et de l’Augivre, affluent allant du Val-Follet à l’Est jusqu’à la mer Blanche à l’Ouest. Cette position stratégique permit au peuple de Laure d’établir dès son implantation sa mainmise sur les principaux échanges commerciaux du royaume. Aujourd’hui, Laure a son mot à dire dans la plupart des décisions prises dans les plus hautes sphères de la principauté, ce qui lui a accordé par le passé nombre de princes élus.

Malgré l’influence indéniable qu’exerce le palatinat sur le reste du royaume, la tradition régionale veut que ses dirigeants restent à l’écart des conflits. Selon les Lacignon, famille régnante, seuls ceux qui se tiennent en dehors des crises peuvent espérer en tirer profit. Pour cette raison, tout Gué-du-Roi est conçue afin d’obéir à une stratégie défensive : forteresse s’élevant au-dessus des eaux des fleuves qui la croisent, système de pont-levis, hallebardiers laurois, etc. Plus encore, nul n’ignore qu’advenant un embargo commercial imposé par Gué-du-Roi, ce sera l’entièreté du royaume qui en souffrira. Ces réalités font en sorte que, de mémoire d’hommes, jamais la région ne fut conquise de manière permanente.

Si la capitale représente le principal point de rencontre de Laure, les campagnes ceinturant la cité et longeant la Laurelanne jusqu’à la Baie d’Ambroise sont tout de même ponctuées d’une multitude de hameaux cherchant à profiter des routes commerciales. Le plus important de ces villages est Guethier, à l’embouchure de la Laurelanne. À la fois fortin et lieu de négoce, ce hameau sert de relais pour les commerçants transigeant dans la région. Cet achalandage fait de Guethier un nid à rumeurs fabuleux où les informateurs des seigneurs ébénois peuvent se renseigner au sujet d’événements de toutes sortes, et ce à faible prix.

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Le peuple

Le palatinat de Laure fut initialement colonisé par le peuple de Vindh. Gué-du-Roi, dans les temps anciens, portait le nom de Vaer et ne constituait qu’une foire marchande prospère. Toutefois, lorsque Casteval -forteresse du Val-Follet à l’Est- sombra dans la déchéance, un flot ininterrompu d’exilés cogna aux portes de Vaer. Malgré leurs cultures distinctes, hôtes et invités parvinrent à cohabiter harmonieusement afin de hisser Vaer au rang des cités d’envergure du continent.

La famille Sanspitié

Deux peuples semblent ainsi habiter Laure. Les descendants de Vindh, renfrognés et sévères, occupent habituellement des rôles d’artisans, de soldats et de cultivateurs. La finesse et la délicatesse ne sont pour eux que des mots vides empêchant les hommes travaillants de vaquer à leurs véritables tâches. À l’inverse, les héritiers de la culture de Casteval oeuvrent en tant que pêcheurs, boutiquiers et scribes. Plus près des traditions d’Avhor et de Salvamer, cette communauté ajoute une touche de diplomatie aux affaires du palatinat. Bien sûr, les conflits entre ces deux tempéraments radicalement opposés sont fréquents à Gué-du-Roi, même si ceux-ci ne menacent guère de jeter le palatinat dans l’anarchie. Un proverbe fut par ailleurs consacré à cette dichotomie dans les cours du royaume : « seul un Laurois peut inquiéter un Laurois ».

Heureusement, des symboles communs à ces cultures renforcent l’unité de la province. Parmi ceux-ci, notons le célèbre Bataillon sacré des hallebardiers de Gué-du-Roi, fondé par le Roi-Prophète lui-même. Chargé de protéger la famille du seigneur-palatin de Laure, ce contingent de fantassins recrute l’élite des guerriers de la région, indépendamment de leurs origines. Au début de notre ère, le bataillon mena maintes missions en compagnie du Roi afin de restaurer l’ordre dans le royaume, ce qui lui conféra une réputation inouïe partout sur le continent. Ponctuellement, quand un Lacignon est nommé prince du royaume, les hallebardiers sont mobilisés sur l’île d’Yr afin de rappeler que Laure a toujours son mot à dire dans les affaires princières.

Sur le plan vestimentaire, la sobriété des couleurs est de mise en Laure. Bien sûr, la mode encourage les riches apparats, mais nul besoin que ceux-ci soient extravagants. Montrer sa richesse sans pour autant chercher à attirer l’attention à tout prix, voilà l’idée générale des Laurois.

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La famille

Théodore d’Auteuil, assassin de la famille Lacignon

La famille Lacignon règne sur Gué-du-Roi depuis la Longue Année. C’est par les armes que ses fondateurs ont réussi à arracher le titre de duc des mains des Torrig. Effectivement, lors de l’épidémie de Sang’Noir, Gué-du-Roi scella ses portes afin d’éviter toute propagation du mal à l’intérieur de ses murs. Cela eut l’avantage de garder les damnés hors de l’enceinte de la cité -plusieurs de ceux-ci furent d’ailleurs criblés de flèches lorsqu’ils approchaient trop des fortifications-, mais eut aussi pour effet d’imposer aux citadins un état de siège prolongé. Après quelques mois d’enfermement, les vivres vinrent à manquer et la famine menaça. Les Torrig furent alors placés devant un dilemme délicat : abandonner le confinement et braver le Sang’Noir afin de se ravitailler, ou maintenir le siège et risquer les maladies découlant de la faim. Devant l’hésitation de ses seigneurs, c’est finalement le peuple qui décida ; motivés par la famille marchande des Lacignon, les habitants de Gué-du-Roi prirent d’assaut le manoir des Torrig et l’incendièrent avec ses occupants.

Les Lacignon auraient pu être accusés de haute trahison envers leur seigneur si, quelques semaines plus tard, le Prophète n’était pas arrivé afin de sauver la ville. Sous les conseils de ce dernier, les Lacignon furent graciés pour le meurtre de la famille Torrig et, plus étonnant encore, leur patriarche, Vicéon, reçut la bénédiction du Céleste. Il devint alors l’un des fidèles alliés du Prophète et lui offrit le gîte à maintes reprises.

En 322, Constance Lacignon, âgée de 7 ans à peine, porte le titre de seigneur-palatine de Laure. Issue d’une branche distincte de la famille Lacignon que celle qui régnait sur le palatinat depuis des décennies, Constance fut placée sur le trône suite à l’assassinat de ses cousines Vildonia et Dovica et à la mort de son oncle Ludovic Lacignon, aussi connu sous le nom d’Élémas V, lors des guerres contre le Vinderrhin au printemps 322. C’est à l’issue d’une guerre de succession qui l’opposa à Émeline Lacignon, une lointaine parente supportée par les Sarrens, qu’elle acquerra ce titre. Devant son règne aux investissements des religieux de l’Ordre de la Juste Foi et du comte Fidel Guglielmazzi, le pouvoir de l’enfant repose entièrement sur ces dignitaires.

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La guerre des deux Couronnes

Laure fut percutée par la guerre civile au début de celle-ci. Effectivement, à l’été 316, les forces coalisées des Désirants de Casteval, des Cassolmerois sous Jonas Tyssère et de Salvamerois répondant aux ordres de la famille Volpino menèrent une attaque surprise sur Gué-du-Roi. À bord de galions armés de dizaines de bombardes de grande puissance, ils pilonnèrent les épaisses fortifications de la cité et prirent le port avec une vivacité inouïe. Pendant ce temps, une escouade d’assassins s’infiltra jusqu’au palais de Ludovic Lacignon afin de procéder à son assassinat. Or, l’opération si bien ficelée comportait une faille : Constant Blanchêne, Cassolmerois d’origine, avait déjà dévoilé l’ensemble du plan aux autorités princières. Les Lacignon laissèrent donc croire à leurs ennemis que leur manœuvre avait été couronnée de succès, puis observèrent leurs déplacements afin de remonter le fil de leurs alliances. Le moment venu, avec l’aide du prince Élémas IV, Ludovic Lacignon refit surface, révélant publiquement le pot-aux-roses. Gué-du-Roi était partiellement occupée, mais le palatin était toujours en vie et ses adversaires étaient connus.

La famille Der Vaast

Quelques mois plus tard, sous l’autorité du comte laurois Théodor d’Auteuil, une contre-offense massive fut lancée contre les positions des Désirants à Gué-du-Roi. À ses côtés, les armées d’Elizabeth der Vaast, Ophelia Korsten, du comte Felbourgeois Gaspard de Grise et des autres seigneurs de Laure débarquèrent sur l’île de Gué-du-Roi par le débarcadère de Rive-Roi. Les assiégeants Désirants, concentrés dans les ports orientaux de la cité, ne purent retenir le déferlement de soldats lourdement armés qui s’abattit sur eux. Sans renfort en provenance de leurs alliés Volpino et Cassolmerois, les Désirants présents sur place battirent en retraite. De l’avis de tous, l’assaut initial sur Gué-du-Roi n’avait pour objectif que d’assassiner le seigneur-palatin Lacignon et non de conquérir la cité. En ce sens, la bataille de Gué-du-Roi fut un échec retentissant pour le camp révolutionnaire. Suite à la reprise de la ville, le comte Théodor d’Auteuil fut nommé comte protecteur de Laure et promis en tant que futur époux à l’héritière Lacignon, Vildonia, alors âgée alors de 11 ans. Norbert Korsten, réputé marchand et constructeur à l’origine de l’agrandissement du célestaire d’Yr en 315, fut nommé architecte en chef de la restauration de Gué-du-Roi. Lors des années qui suivirent, il s’affaira à reconstruire les fortifications du cœur du royaume, à embellir les places publiques de la cité et, surtout, à coordonner la fusion de la Banque d’Ébène et de la Guilde des Francs marchands.

Jusqu’à la fin de la guerre des deux Couronnes, le palatin Lacignon et les comtes laurois furent aux premières lignes des batailles au côté du prince Élémas IV. Unanimement opposée aux prétentions des Désirants et aux déclarations de la princesse Isabelle, la noblesse du palatinat leva les bans et se lança à l’attaque des positions ennemies à l’est, près de Casteval. Si le comte protecteur d’Auteuil veilla à la sécurité des terres lauroises en matant les insurrections paysannes, ce fut le comte de Vallon Ebert der Vaast, accompagné de son épouse, la comtesse d’Orferace en Felbourg Salomé Aerann, qui constituèrent l’avant-garde des armées princières. Avec une efficacité redoutable, leurs armées, pour la plupart vétérans de plusieurs guerres, pénétrèrent les frontières cassolmeroises et tentèrent de prendre Casteval par la ruse. Or, grâce au retour in extremis des légions populaires menées par Armand Dessaules, leur tentative fut neutralisée. Pendant plusieurs années, le couple guerrier multiplia les offensives sur le front est, tenant en haleine les partisans de la princesse Isabelle. Ce n’est qu’en 319 qu’ils réussiront à faire tomber Casteval en compagnie des renforts avhorois et qu’ils procéderont à la Boucherie de l’Orellia en 320, mettant définitivement fin aux prétentions de l’Anti-Témoin Charles Lobillard et du guide des Désirants, Vérité.

En 321, Laure sortit renforcée de la guerre civile. Sur le bord de l’effondrement en 316, le palatinat a su, comme à son habitude, tirer son épingle du jeu et prospérer malgré l’adversité. Alors que Gué-du-Roi a confirmé ses liens commerciaux fermes avec la Guilde franche d’Ébène et Felbourg au cours du conflit, les Lacignons se sont associés le support d’expatriés en armes fuyant l’est du pays. Le meilleur exemple en ce sens est celui du capitaine du Bataillon sacré Fidel Guglielmazzi, ancien comte de Vespéra en Avhor, qui reçut le titre de comte de Rivelm, au nord du palatinat et près de l’île d’Yr.