Cassolmer

[En résumé]

Forts et libres, ainsi vivaient nos aïeuls. Nos rêves n’éclipseront jamais les étoiles et nos voiles n’assombriront pas les mers. De roches sont nos champs et les marées érodent nos falaises. Nous ne possédons que peu…mais le peu que nous avons, nous le chérissons. Gare à celui qui dérobera ce qui est nôtre ; devant le Céleste bientôt il s’agenouillera.

Lurrynn Farren, orateur de Cassel.

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Les terres

cassolmer

Carte de Cassolmer

Cassolmer est l’ombre de Salvamer. Plus pauvre, rural et démilitarisé, Cassolmer se tient sur les rives orientales balayées par les vents de la Vaste-Mer. Cependant, au contraire de Salvamer qui profite du havre de paix qu’est la lagune d’Émeraude, Cassolmer ne bénéficie guère d’une situation géographique appréciable ou même de richesses marines. Son économie est essentiellement articulée autour de deux secteurs bien distincts. Alors que sur les bords de la Vaste-Mer, là où se tient la ville de Cassel, l’activité principale réside dans les pêcheries, à l’intérieur du continent le territoire est divisé en une multitude de petits lopins de terre faiblement exploités par des familles. Ces dernières, peu supervisées par les comtes et barons, finissent parfois par s’organiser en communautés se spécialisant dans des professions précises.

L’exemple parfait de ces « clans » de travail est le hameau de Cellryn, situé à proximité des ruines de Casteval. Depuis aussi loin que l’esprit humain peut se le rappeler, la famille de Cellryn -dont le village hérita du nom- exploite les mines de cuivre du Val-Follet. Alors que les Torrense subissaient la punition du Céleste pour leurs fourberies, les mineurs Cellryn s’enfonçaient dans les entrailles du mont Korrian pour en extraire le précieux minerai. Peu à peu, des travailleurs de tout Cassolmer se joignirent à eux afin de grossir les rangs de la communauté minière. Aujourd’hui, Cellryn jouit d’une excellente réputation auprès des forgerons du royaume.

La citadelle maudite de Casteval, détruite lors de la Guerre des deux Couronnes, est le principal haut-lieu militaire du palatinat. Restaurée par François Lebouthilier après la fin du conflit, elle protège de nouveau l’ouest de la province et surplombe les terres environnantes.

Quant à Cassel, le siège du pouvoir des Gwenfrynn, peu d’éloges peuvent en être faits. Son port modeste, son marché désert et son architecture rustique n’attirent guère le regard des voyageurs. Cependant, une certaine beauté naturelle se dégage des falaises que la ville occupe et qui la juchent bien au-dessus de la Vaste-Mer. Or, même cette mince qualité est ternie par les innombrables contrebandiers qui utilisent les alcôves et grottes creusées dans les parois rocheuses pour débarquer discrètement en nos terres les drogues étrangères et les écrits honnis par les congrégations célésiennes.

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Le peuple

Le portrait général de Cassolmer peut sembler fort pessimiste au premier regard. Or, si ce palatinat ne représente qu’un faible intérêt sur plusieurs aspects, son peuple, résultat des unions entre les Mérillons et les Enfants d’Arianne, mérite d’être côtoyé. L’économie médiocre du palatinat n’est pas que la conséquence de l’âpreté du climat, mais aussi d’un choix légitime des Cassolmerois. Effectivement, malgré le fait que les pêcheries de Cassel soient essentielles à la survie alimentaire du royaume d’Ébène et que les productions diverses du territoire auraient un fort potentiel commercial, Cassolmer n’a jamais souhaité saisir cette perche de croissance. La famille Gwenfrynn, au pouvoir depuis plusieurs générations, entretient des relations étroites avec son peuple et, aux dires de Maureen Gwenfrynn, « certaines gemmes ont plus de valeurs brutes que travaillées ». Cette attitude généralisée est d’ailleurs à l’origine de maints préjugés à l’endroit de la seigneurie. Ce que plusieurs étrangers prennent chez les Cassolmerois pour de la paresse et un manque d’ambition pourrait plutôt être défini comme un esprit tourné principalement vers les affaires du quotidien. Pourquoi chercher le bonheur dans une lointaine fortune alors qu’il est à quelques coups de rame lors d’un jour de pêche au large?

Néanmoins, les habitants de Cassolmer sont reconnus pour leur férocité au combat. S’ils ne demandent rien à personne, ils s’attendent à ce qu’on les laisse en paix. Malheur à celui qui insultera ou attaquera l’un d’eux. En privé, il exigera surement de vous réparation, fort probablement par l’entremise d’une violente bastonnade. Si l’offense est publique, le peuple n’hésitera guère à défendre son honneur et ses terres. Bien que l’armée permanente du palatinat soit peu garnie comparativement à celle des autres provinces, elle peut rapidement être renforcée par de nombreux volontaires de la roture. Certes, les mineurs et les forgerons ne sont pas les escrimeurs les plus habiles, mais leur fureur et leur détermination compensent amplement cette lacune.

Sur le plan vestimentaire, tuniques et capes aux couleurs terreuses et ternes sont de rigueur. C’est par le biais de leurs armoiries que les familles -et même les individus- se distinguent. Chaque communauté, de la plus prospère à la plus pauvre, dispose de blasons qu’elle arbore fièrement par-dessus son accoutrement quotidien.

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La famille

Armand Dessaules

À l’heure actuelle, le trône de Cassolmer est occupé par Maureen Gwenfrynn et son époux Armand Dessaules. La lignée Gwenfrynn serait en place depuis bien avant l’émergence du Sang’Noir. Nous savons que leurs prédécesseurs étaient les Fryngan de Cassel. Toutefois, pour une raison inconnue, une passation des pouvoirs se produisit et permit aux Gwenfrynn d’élever leur statut et d’éventuellement guider leur population au travers de la Longue Année. Même si je ne m’aventurerai pas sur cette périlleuse question qu’est l’avènement des Gwenfrynn, je mentionnerai que chaque famille et clan de travail détient sa propre version des faits, récit partagé allègrement à tous les étrangers rencontrés par ailleurs. Du coup d’État à la provocation en duel, toutes les explications sont bonnes pour justifier cet événement. Tout ce que nous pouvons certifier, c’est que les Gwenfrynn ont participé au couronnement du Roi-Prophète et au Premier Sacre d’Ébène.

Maureen Gwenfrynn, pour sa part, a succédé en l’an 311 de l’ère royale à son père, Gyrfell. Les récentes années du règne de la palatine furent houleuses. Aux prises avec la révolte des Désirants tirant ses origines de son propre sol, elle accepta en 317 de créer le Symposium des Forts. Cette assemblée populaire composée des comtes et barons cassolmerois contraste aujourd’hui drastiquement avec les autres structures féodales du royaume. Même si dame Gwenfrynn dispose encore théoriquement d’un pouvoir décisionnel au sein de ce Symposium des Forts, il est ouvertement reconnu qu’elle doit écouter et appliquer les demandes légitimes des seigneurs qui y siègent et des Cassolmerois qui y plaident. La noblesse de Cassolmer est donc beaucoup moins stable que ses homologues d’Ébène, celle-ci ne maintenant son statut que grâce à l’approbation de ses dépendants. Le cas de l’Ordre des Hirondelles confirme cette tendance. Regroupement d’opposants à la noblesse et d’adeptes des Oblats hospitaliers, les Hirondelles ont gagné en puissance à la fin de la Guerre des deux Couronnes. Désormais fermement implantées dans les îles d’Elfeand -on raconte que les seigneurs de Cassolmer les auraient eux-mêmes financées- elles disposeraient d’une armée de volontaires susceptible d’altérer la politique cassolmeroise.

Mère d’un nourrisson du nom d’Aureen, la palatine a deux frères -Hulwyn et Yareen- susceptibles de lui succéder.

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La guerre des deux Couronnes

Cassolmer fut le fer-de-lance du camp révolutionnaire lors de la guerre des deux Couronnes. C’est dans la citadelle restaurée de Casteval au nord-ouest de son territoire que les Désirants installèrent leurs quartiers généraux. En ces lieux fortifiés, les chevaliers de Saphir de la princesse Isabelle Delorme se rassemblèrent, couronnèrent leur souveraine et menèrent dès le début du conflit leurs assauts sur les territoires environnants. Si ces premières attaques sur l’ouest de Salvamer furent fructueux, ils furent rapidement éclipsés par l’intervention armée des partisans du prince. Effectivement, dès 317, les armées de Salomé Aerann, Ebert der Vaast et leurs vassaux marchèrent contre la place-forte. Devant la menace imminente, une portion des troupes de la princesse présente en Salvamer se replia vers la citadelle. C’est Armand Dessaules, récemment marié à la seigneur-palatine Maureen Gwenfrynn, qui mena la résistance. Grâce au réseau de fortins établi aux frontières cassolmeroises lors des dernières années, Dessaules réussit à empêcher les attaquants de s’en prendre directement à Casteval. Toutefois, sans renfort, il craignit de ne pouvoir empêcher le pire. La Compagnie de Fer, positionnée à Salvamer, se replia donc aussi vers les quartiers généraux des Désirants sous l’ordre de la princesse. Les affrontements mineurs se multiplièrent ensuite aux alentours de la citadelle maudite sans jamais qu’ils ne l’atteignent directement. En 319, après l’entrée en guerre des Avhorois, Casteval fut toutefois encerclée. Faisant face à l’éventualité d’un siège hivernal prolongé, Armand Dessaules décida de négocier sa reddition. Entretenant des relations cordiales avec les Aerann, il parvint à sauver la vie de ses subordonnés en échange de la remise de l’ensemble de leurs armes, de la promesse de ne plus participer à la guerre civile et de céder Casteval. Devant choisir entre des centaines de vies et la cause du peuple, il accepta finalement les conditions qui lui furent proposées. Les ultimes défenseurs de Casteval quittèrent désarmés leur bastion sous la neige alors que les armées princières incendiaient l’ancestrale citadelle. Le symbole de la révolte désirante était tombé.

Lors des semaines qui suivirent, les fortins cassolmerois tombèrent l’un après l’autre. Le peuple en armes tenta de retenir les envahisseurs dans la région des Mille-barons, là où le massacre hivernal des Désirants avait eu lieu en 316, mais devant l’avancée inexorable des légions de la Couronne d’Yr, ils ne purent que retarder l’inévitable. Le prince Élémas IV savait que la guerre tirait à sa fin et que la capture de la princesse Isabelle, retranchée à Cassel, allait sonner le glas de la révolution. Sans général charismatique pour mener les Cassolmerois, la cause semblait perdue.

Jonas Tyssère, l’Anti-Témoin

C’est à Cassel que la guerre devait se terminer. Quelques jours à peine après le Bal des Floraisons 321, les armées princières arrivèrent aux portes de la ville. Entre les murs de la capitale cassolmeroise, les forces de la princesse, menées par les chevaliers du Saphir, se rassemblèrent afin de soutenir un siège : Cassolmerois menés par la famille Gwenfrynn, derniers Désirants, partisans avhorois et salvamerois et contingents de la Compagnie de Fer accompagnaient la Mère du peuple dans la défense de la cité. Imposant le siège, le commandeur du Bataillon sacré lui-même, Nathaniel Lancerte, menait les légions d’Yr. Tous s’attendaient à un long combat d’attrition, mais il en fut tout autrement. Après dix jours de siège, le capitaine de la Compagnie de Fer, Enguerrand de Fern, demanda des pourparlers peu avant le lever du Soleil. Le mercenaire, accompagné de Grégoire de Grise, émergea de la ville par une porte dissimulée. Derrière eux, la princesse Isabelle, poignets et chevilles en chaînes, leur emboîtait le pas. Enguerrand de Fern offrit aux armées princières la Mère du peuple en échange de la reddition pacifique de Cassel et de ses défenseurs. Voyant dans cette proposition le meilleur moyen d’écourter la guerre civile, Nathaniel Lancerte accepta les conditions. Avec l’aide du notaire Grégoire de Grise, la reddition de Cassel fut signée. Lorsque le Soleil se leva, les forces de la Compagnie de Fer ouvrirent les grandes portes de la cité et laissèrent le Bataillon sacré pénétrer entre les murs. Les derniers loyalistes de la princesse Isabelle n’avaient d’autres choix que de jeter les armes. Avant la fin de la journée, la Garde de Saphir était démantelée et les rebelles refusant de s’agenouiller devant l’autorité princière étaient pendus sans procès. La famille palatine Gwenfrynn, entièrement vouée à la cause de la princesse Isabelle, accepta la défaite et fut épargnée.

Afin d’assurer la paix générale en Cassolmer, le prince Élémas IV accepta, suite à la capture de la princesse, d’honorer le droit à l’autodétermination du palatinat. Effectivement, lors des années antérieures, la haine pour la noblesse avait été abusivement exacerbée par le populiste Jonas Tyssère et ses alliés. En réponse à cette remise en question de la féodalité classique, Maureen Gwenfrynn avait accepté, sous les conseils de son époux Armand Dessaules, de fonder le Symposium des Forts. Au sein de cette assemblée populaire établie à Cassel, l’ensemble des comtes et barons pouvait siéger et participer aux décisions du palatinat. Tout Cassolmerois était libre d’aller y exposer ses demandes et propositions afin d’obtenir réparations ou honneurs. Avec l’aide de l’Ost aux mille blasons –un réseau de messagers, émissaires et diplomates- fondés par Constant Blanchêne en 319, l’organe du pouvoir pouvait subsister. Bien sûr, ce Symposium des Forts remettait drastiquement en question le système vassalique ébénois, mais il s’agissait pour la Couronne d’Yr d’un moindre de mal pour étouffer une bonne fois pour toute la guerre en cours. C’est au sein de cette nouvelle organisation que s’impliquèrent nombre de Cassolmerois s’étant vus retirer leurs titres sous décret princier. Tel fut le cas par exemple d’Océanne Tyssère et de Jasmin Chardonne, proches du félon Jonas Tyssère, qui y agirent en tant que médiateurs.

En 321, Cassolmer panse encore ses plaies. La région la plus ravagée de ses terres demeure toutefois celle du Val-Follet où les vestiges carbonisés de Casteval témoignent toujours du triste sort réservé à ceux osant s’opposer à la Couronne d’Yr.