Les traditions célésiennes

Grandeur Nature l'Enclave

Dogmes fondamentaux

La lecture du Recueil des Témoins demeure et demeurera toujours la plus sage décision que peut prendre le curieux désireux de se familiariser avec notre foi. Néanmoins, nombre d’érudits soucieux d’instiguer une juste compréhension de nos pratiques traduisirent les leçons du Prophète en six maximes résumant les piliers fondateurs de la religion. Peu importe la congrégation religieuse à laquelle nous appartenons, nous nous rejoignons tous sur ces six postulats inhérents à la vocation célésienne. Ces dogmes sont les suivants :

I- L’Enchaîné engendra le monde par les ombres, le Céleste le raffina par la lumière. Le second est source des vertus et du Bien, mais la passion créatrice du premier est origine de l’existence elle-même.

II- L’humanité est la seule création de ce monde entièrement issue de la volonté du Céleste. Nous devons remercier le Dieu des cieux de ce fait.

III- Toujours l’Homme doit rechercher l’élévation de son âme afin d’éloigner le vice et la corruption. L’âme noble doit aider l’âme sauvage à s’élever, et l’âme sauvage doit suivre la sagesse de l’âme noble.

IV- Le Prophète, le premier Roi, fut envoyé par le Céleste afin de libérer nos âmes de la perfidie et de nous guider sur la voie de la justice.

V- Hommes et femmes sont enfants du Céleste et méritent égale considération.

VI- Tous les Hommes sont libres et responsables de leurs actes et pensées.

Hors de ces six préceptes, un Ébénois ne peut se dire véritablement Célésien. Pourtant, ces idéaux ne portent guère en eux-mêmes les détails de leur application ; c’est à l’intérieur de cette dernière que se situe la discorde entre les congrégations religieuses. Quelle est la justice exacte prônée par le Prophète? La liberté empêche-t-elle la servilité? Comment doit-on remercier le Céleste? Chaque regroupement spirituel offre ses propres réponses à ces interrogations, réponses que nous étudierons dans les prochaines pages.

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Lieux de culte

Qu’ils soient occupés par l’Ordre de l’Illumination, la Compagnie du Heaume ou toute autre congrégation religieuse, les lieux de culte voués au Céleste à l’intérieur du royaume d’Ébène sont érigés sur des modèles communs. Cette similarité des bâtiments sacrés fut elle-même instaurée par le Roi afin de faciliter les pèlerinages dans les divers palatinats du royaume.

Où que l’on aille à l’intérieur de nos frontières, des autels modestes occupent le cœur des villages et les croisées des chemins. Malgré leur exiguïté flagrante, ces modestes constructions permettent aux fidèles de se recueillir à tout moment de la journée. C’est toutefois à l’intérieur de temples plus imposants, eux-mêmes édifiés autour des autels les plus fréquentés, que sont menées les célébrations de la foi. La plupart de ceux-ci sont dotés des infrastructures nécessaires afin de loger les pèlerins sillonnant l’un des multiples itinéraires sacrés du royaume. Par conséquent, ces temples peuvent être trouvés partout où une congrégation religieuse cherche à augmenter son influence, soit dans bon nombre de hameaux populeux.

Plus un temple sera prestigieux, plus il s’élèvera vers les cieux. Selon la tradition de la cité d’Yr, c’est en hauteur, par l’entremise d’étages supplémentaires, que les édifices religieux doivent prendre de l’expansion. Lorsqu’un temple aura davantage les apparences d’une tour que d’une chaumière, il prendra le nom de beffroi. Seront alors archivés dans les étages supérieurs les textes sacrés et témoignages des habitants des régions limitrophes, de sorte que tous ceux qui y auront accès pourront contempler les environs actuels tout en nourrissant leur esprit d’expériences du passé. Y seront aussi levés les hauts bûchers funéraires des trépassés, signes de respect pour les âmes défuntes.

Cela dit, les ultimes hommages architecturaux au Céleste sont les célestaires. Rares sont les seigneurs en droit de se vanter d’entretenir sur ses terres l’un de ces bastions spirituels. Les célestaires sont de véritables bourgades ecclésiastiques articulées autour d’un haut beffroi. Scribes, domestiques, orateurs et autres fidèles y célèbrent la gloire du Dieu en anoblissant le cœur des visiteurs qui en foulent le sol. Afin de protéger ces communautés, de hautes murailles ceinturent normalement le domaine et permettent aux Célésiens de profiter pleinement du havre de paix. Les célestaires –en particulier celui de Haut-Dome dans le Val-de-Ciel- sont les destinations habituelles des pèlerins en quête de rédemption.

Finalement, le lieu le plus sacré du royaume est assurément le Siège des Témoins situé dans la cité d’Yr. Articulé autour du célestaire d’Yr édifié par le Roi-Prophète lui-même, le Siège des Témoins a accueilli après le décès du Salvateur ses proches disciples, les Témoins. Au fil des siècles, les congrégations en charge de l’endroit se succédèrent, apportant tour à tour leur touche spirituelle. L’ecclésiastique à la tête du Siège des Témoins est nommé « Témoin des Témoins ». C’est Raoul der Vaast qui, le premier en 315, officialisa le titre. Jean Lamontagne, l’un de ses successeurs, tenta de le remplacer par « Protecteur du Siège des Témoins » par la suite, mais l’appellation de Témoin des Témoins avait déjà marqué les esprits des Ébénois. Le gestionnaire du Siège des Témoins n’est pas le maître de la foi célésienne à proprement parler, mais il est auréolé d’un prestige indéniable lui permettant d’imposer sa volonté aux congrégations sur certaines questions.

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Héritiers et Vestales

Lors de la vingt-sixième année de l’ère royale, soit près de six mois après le décès du Roi, les seigneurs-palatins du royaume se concertèrent et décrétèrent que l’absence d’héritier au trône d’ébène –le Prophète n’ayant guère engendré- devait être palliée par l’élection d’un prince. Ils atténuèrent toutefois ce changement fondamental à notre monarchie par une clause dérogatoire à la principauté qu’ils instauraient : le jour où un enfant du Céleste, homme ou femme, serait parcouru d’un sang d’ambre et réussirait à traverser à l’aller et au retour la forêt d’Ébène, celui-ci serait proclamé envoyé du Dieu et en droit de réclamer ses titres sur l’île d’Yr.

Il n’en fallut pas davantage pour que les familles les plus pieuses –ou les plus ambitieuses?- du royaume saisissent l’opportunité et instaurent une nouvelle tradition : les Héritiers et Vestales. Essentiellement, les Héritiers et les Vestales sont les deux volets –l’un masculin, l’autre féminin- d’une croyance fermement ancrée dans les esprits de nombre d’Ébénois. Selon ceux-ci, si le Céleste doit faire naître en ce monde un nouvel élu, ses intermédiaires seront nécessairement de fervents Célésiens aussi irréprochables spirituellement que dévoués philosophiquement. De riches mécènes adeptes de ce principe financèrent donc dans les neuf palatinats des cloîtres où sont toujours hébergés, éduqués et purifiés des hommes et des femmes –des gardiens de la flamme sacrée du Très Haut- offerts par les familles influentes du royaume. Le moment venu, un Héritier est destiné à une Vestale et, ensemble, ils engendreront un nourrisson qui, l’espèrent-ils, obtiendra la bénédiction du Seigneur. Toute son enfance durant, le rejeton recevra une éducation qui aura pour but de l’élever spirituellement et de le préparer pour son ultime quête : la traversée de la forêt d’Ébène.

Jusqu’à présent, aucun des fruits de l’union entre un Héritier et une Vestale n’a été reconnu comme béni par le Céleste. À dire vrai, aucun de ceux ayant entrepris le périple sylvestre n’en est revenu vivant. Pourtant, le réseau des cloîtres, indépendant des congrégations religieuses, perdure après près de trois siècles et attire toujours la sympathie –et les enfants nobles- de l’ensemble des sujets des terres.